Jean Claude Friot
Jean Claude Friot

La crise, quelles conséquences?

Nous vivons aujourd’hui une crise d’un genre totalement inédit qui aura forcément des répercussions sur les marchés à court ou moyen terme. Résultat : si ses conséquences ne remettent pas en question la réalisation de vos projets immobiliers, il faut s’attendre à la possibilité d’une légère hausse des taux, de 0,20% à 0,40% sur les durées longues, qui concerneront plus particulièrement les primo-accédants. 

Depuis de longs mois, le marché de l’immobilier était porté par des taux historiquement bas, facilitant grandement l’accès à la propriété des ménages, même avec des revenus modestes. Une situation qui pourrait – même légèrement – changer au cours de cet été. Si cette situation n’est pas uniquement liée à la crise sanitaire du Covid-19, mais représente désormais plutôt une crise globale, elle devrait provoquer selon de nombreux prévisionnistes une hausse des taux limitée, à hauteur de 0,20% à 0,40%. Ce qui pourrait notamment compliquer la tâche des personnes cherchant pour la première fois à acquérir un appartement ou une maison.  D’autant plus que parallèlement les conditions d’accès à l’emprunt pourraient se voir renforcées.

En effet, depuis quelques années, stimulées par un marché très dynamique et des prix de l‘immobilier en hausse constante, les banques pouvaient avoir tendance à dépasser les règles d’octroi de crédit : soit une mensualité d’emprunt ne dépassant pas 33% des revenus du ménage et une durée totale limitée à 25 ans. Des dossiers à plus de 35% des revenus étaient de moins en moins rares ainsi que des durées plus longues. Le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) s’est inquiété récemment de cette tendance et a estimé que les règles d’octroi de crédit devaient donc être durcies. Ce qui, ajouté aux risques que la crise sanitaire du covid-19 fait peser sur l’économie, peut faire craindre aux futurs emprunteurs une hausse des taux et de plus grandes difficultés à mener leur projet immobilier à bien.

« Prendre le temps de constituer son dossier, de bien vérifier sa capacité d’épargne »

« Aujourd’hui, on peut emprunter avec un bon dossier, » rassure pourtant Sylvain Lefèvre, Président de la Centrale de Financement. « (…) Pour les primo-accédants, il convient juste de faire preuve de bon sens, de prendre le temps de constituer son dossier, de bien vérifier sa capacité d’épargne et d’éviter bien entendu les achats impulsifs. Acheter un bien sur 25 ans, c’est s’engager pour un tiers de ses revenus et un tiers de sa vie ! ».

Pour les professionnels du secteur, les recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière posent en revanche plus de questions en ce qui concerne les projets d’achat en vue de louer, notamment dans le neuf, ou dans le cadre d’une SCI familiale par exemple. Là, limiter à 30% des revenus la possibilité d’accéder à l’emprunt semble d’autant moins justifié que le taux de défaut des emprunteurs est extrêmement faible et même l’un des plus bas en Europe. « En ce qui concerne ces dossiers, nous avons demandé au Haut Conseil de revoir ses positions sur le taux maximal d’endettement », confirme  Sylvain Lefèvre.

Quoi qu’il en soit, et compte tenu du contexte actuel, réaliser prochainement son projet immobilier est encore pour quelques mois la garantie de bénéficier des meilleurs conditions… Et des meilleurs taux.

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